Caroline SCHMITT

Masseur-kinésithérapeute depuis 2011, Caroline SCHMITT s’est spécialisée dans la kinésithérapie respiratoire pédiatrique suite à une première expérience où la prise en charge des patients atteints de mucoviscidose occupait une place importante. Elle est désormais kinésithérapeute référent de CRCM (Centre de Ressources et de Compétences pour la Mucoviscidose) depuis presque six ans et travaille au sein du CRCM de l’Hôpital Necker depuis septembre 2016.

KINÉSITHÉRAPIE PÉDIATRIQUE & MUCOVISCIDOSE

Pourquoi des séances de kinésithérapie sont-elles prescrites aux enfants pour traiter la mucoviscidose ?

La kinésithérapie est un soin quotidien qui fait partie intégrante du traitement des patients atteints de mucoviscidose, puisqu’il s’agit d’une maladie qui se traduit le plus souvent par une atteinte digestive et une gêne respiratoire.

D’abord préventive, elle permet d’optimiser la croissance pulmonaire chez le bébé et l’enfant en s’assurant que les poumons ventilent le mieux possible. Elle améliore aussi les échanges gazeux. Son action mécanique agit enfin sur le mucus en garantissant une mise en mouvement des sécrétions bronchiques qui sont peu ou pas mobiles dans la mucoviscidose. (Le mucus plus visqueux chez les personnes atteintes de mucoviscidose a tendance à stagner dans les bronches et peut s’y infecter).

La kinésithérapie est également curative en cas d’infection bronchique (encombrement, toux, crachats plus sales …) : elle permet d’évacuer le mucus infecté et d’optimiser l’efficacité des médicaments administrés.

La kinésithérapie est un soin global qui aide le patient à améliorer sa respiration et sa qualité de vie. Elle vise à ralentir l’apparition des symptômes de la maladie au moyen de drainage bronchique, de massages, d’étirements et également du renforcement musculaire spécifique.

Le rôle de la kinésithérapie est également de garantir la mobilité de ce qui entoure le poumon. Si la cage thoracique ne bouge pas, l’action du drainage bronchique sera bien moins efficace. Assurer une bonne mobilité globale, au niveau ostéo-articulaire et musculaire, du poumon et de ce qui l’entoure, permet de faciliter la mise en mouvement du mucus et cela, quel que soit l’âge de nos patients.

Pouvez-vous nous décrire une séance type avec un enfant malade ?

Il n’y a pas de séance type car chaque séance est adaptée au patient, dans son contexte particulier, et ces facteurs peuvent changer tous les jours.

Néanmoins toutes les séances sont déterminées par le schéma respiratoire de nos patients. L’objectif d’une séance de kinésithérapie étant de remettre en mouvement un mucus collé et visqueux, qui a tendance à stagner dans le poumon.

Déroulement et types d’exercices

Une séance de kinésithérapie peut démarrer par quelques exercices d’activité physique. Ce premier temps permet de « faire bouger » le mucus.

Si le kiné met en évidence des obstacles au drainage bronchique (mauvaises postures, douleurs musculaires…), il pourra procéder dans un premier temps à des étirements ou à des massages.

Le patient doit pouvoir réaliser des exercices de ventilation avec son kiné pour souffler plus longtemps, ou pour homogénéiser la ventilation. Pour obtenir un drainage bronchique efficace (sur un mucus hydraté qui peut bouger) le kiné va guider son patient pour qu’il inspire « au bon endroit » et souffle « au bon débit » afin d’évacuer les secrétions bronchiques.

Lorsque le mucus est très collé, le kiné peut utiliser un aérosol. Le patient, en respirant le médicament, le fait progresser au contact des sécrétions pour les rendre plus fluides et donc plus faciles à faire bouger pendant la séance de drainage bronchique.

Durée

Une séance de kinésithérapie respiratoire dure donc au moins 20 à 30 minutes par patient.

SPORT & MUCOVISCIDOSE CHEZ LES ENFANTS

Le sport est-il recommandé pour un enfant malade ?

Comme on peut le comprendre au vu des éléments précédents, le sport est tout à fait recommandé pour tous les patients atteints de mucoviscidose. C’est d’ailleurs l’une de nos recommandations en tant que professionnels de santé.

Y-a-t-il des exercices à favoriser ou au contraire à bannir pour les enfants ?

Il y a très peu de sports contre-indiqués vis-à-vis de la mucoviscidose. Seuls la plongée, le parachutisme et certains sports nautiques doivent être évités ou pratiqués avec précaution, en raison de leurs exigences pour le système respiratoire. Mais encore une fois, il faut savoir conseiller au cas par cas, selon les envies et les possibilités de chacun.

Il semble que le sport n’a pas toujours été recommandé : qu’est-ce qui a changé ?

Je n’ai pas connu l’époque où le sport était contre-indiqué ou en tout cas déconseillé à certains patients atteints de mucoviscidose. Aujourd’hui, et depuis maintenant plusieurs années, des études ont montré les bénéfices de l’activité physique dans la lutte contre la mucoviscidose. Il est maintenant admis par tous que le sport aide au maintien d’une bonne capacité respiratoire et contribue à l’amélioration de la qualité de vie des patients.

Pratiquer le sport pour un malade peut-il avoir un impact sur l’évolution de la mucoviscidose ?

Les études effectuées ont largement montré que le sport permet de maintenir une bonne fonction respiratoire chez les patients atteints de mucoviscidose. Certaines études ont même mis en évidence que la pratique d’une activité physique avait un impact au niveau cellulaire sur la viscosité du mucus.

Néanmoins, il ne faut pas considérer le sport comme un traitement et encore moins comme un traitement exclusif. De leur côté, les traitements quotidiens se sont considérablement améliorés et permettent aujourd’hui aux personnes atteintes de mucoviscidose de conserver une meilleure fonction respiratoire, de bénéficier d’une meilleure qualité de vie et d’une meilleure espérance de vie qu’auparavant. Le sport peut être vu comme un adjuvant à ces soins.

Il semble donc aujourd’hui possible de dire que la pratique régulière d’une activité physique permet, en plus de la prise de traitements quotidiens, une évolution favorable chez une personne atteinte de mucoviscidose.

Auriez-vous un mot pour Brian ?

« Tout d’abord Bravo, même si tu n’es pas encore arrivé au bout, le défi est déjà relevé. J’ai l’impression qu’on parle de ce défi un peu partout. Donc l’impact que tu voulais avoir est déjà atteint.

Et puis Merci. Merci parce que grâce à des défis comme le tien, nous soignants, qui sommes parfois confrontés à des situations délicates et difficiles, nous pouvons redonner de l’espoir à des patients et à des familles. Et Merci car ton défi est un bel exemple qui montre que ce n’est pas parce qu’on est malade, qu’on ne peut pas faire de grandes et belles choses. »